« I think human consciousness, is a tragic misstep in evolution »

cette partie est faculative



Il n’a que trois ans , mais déjà les obsidiennes de l’aîné Buckley semblent différentes de celles du commun des mortels, parfois effrayante pour la douce Rose, l’agitation des pupilles de son fils aîné va souvent de paire avec ses cycles du sommeil irrégulier. Et si la jolie Rose s’était toujours rêvée mère avant d’être femme, il lui arrivait parfois d’aimer autant qu’elle haïssait son fils aîné. Ce dernier poussant sa patience dans ses plus grands retranchements, il était l’énigme à laquelle elle avait offert la vie, quand dans le couffin qu’elle dépose délicatement à l’intérieur du chariot, sommeil le plus angélique des deux. Son visage rond, et sa peau encore potelé faisaient de Noah, le cadeau inespéré et tant attendu, l’opposite de l’aîné, un poupon angélique dont le sommeil était une constante paisible. Dont les repas étaient un véritable échange, et dont les orbes n’étaient nullement aussi étranges. C’est que, la main de Noah s’entiche toujours du tissu qu’elle porte, cherchant à s’accrocher à elle, et si Rose n’eut jamais le coeur de repousser l’aîné, chaque geste de tendresse était déposé avec naturel contre la peau de son cadet, toujours lové contre elle. Et sous le soleil étouffant d’un Texas poussiéreux, les roulettes du chariot hurlent à l’unissons, et ce semblant de famille aux allures banales s’enfonce dans les longues et vastes allées à n’en plus finir. Noah laisse ses ébènes toujours trop curieuses se perdre à la contemplation de mille et uns visages qui se présentent à lui, des ombres le surplombants mais ne l’effrayants pas plus que cela. Ses doigts s’extirpe du bord de ce chariot que sa véritablement mère lui aura demandé de surveiller, le temps d’un claquement de doigt. Une seconde seulement, tout au plus, avant que les pupilles de l’aîné soient charmées par la fourberie d’un sourire tissé dans ce qu’il sait, aujourd’hui n’être que l’écrin d’une folie. Sa main s’enfonçant dans celle de la reine des damnées, tandis que cette dernière emporte avec elle, le cadet, puisque l’aîné le lui a demandé. Et que la damnée pourrait réaliser tous les souhaits de son oiseau de mauvais augure . « Tu vas voir Wilson, on va bien s’y amuser. » et si l’oreille de l’aîné est interloqué, c’est le coeur sans doute trop léger qu’il se prête volontiers à cette complicité. Quand, à l’autre bout de l’allée maman hurlait son prénom à s’en casser la voix, mais que l’enfant lui, n’entendait pas.





Manoir gargantuesque aux lustres de cristaux, moulure au plafond. Wilson et Noah, princes à la peau pâle, et aux orbes mystérieuses, renommés pour cacher toute trace de ce qu’ils étaient. Prisonnier d’une réalité alternative dont ils ignorent le véritable sens. Pour eux, il y a maman, la belle brune à la peau pâle qui ressemble tellement à Wilson, et il y a papa, l’homme qui voyage beaucoup, mais qui est doté d’une belle tendresse. Et puis y’a les autres, ceux du cultes, les adultes, les enfants, et le poison qu’on leur injecte à travers les prêches. Ce peigne que maman glisse dans les fils ébènes d'un Wilson souvent rêveur, lui susurre à l’oreille qu’il est sa plus belle création. Qu’il est l’âme soeur, le Messi qu’elle attendait depuis si longtemps, qu’elle est tombée sous le charme au premier regard.  Le bébé qui braillait trop a fini par se taire, se faire observateur, quand Noah était devenu le croyant aux prières effervescentes. Wilson comprend, il comprend toujours trop bien, toujours trop vite et le diagnostique tombe très vite, surdouance, avec son lot de symptômes pathologiques. Rien de bien grave, parce que maman l’aime, et l’aimera jusqu’à la fin des temps, sa création, sa perfection. Celle qu’elle cache au monde, n’offre qu’en vision à l’enfant, la nuit obscure légèrement éclairé par la lune. Le large portail de fer forgé, il rêve de s’en échapper. Prison dorée, il est avare de découverte, les livres ne suffisent plus. Et le professeur particulier ne tient jamais plus de trois semaines. Et puis, le temps passe, il ingurgite mal le produit illicite qu’elle glisse dans son verre. Ne se laisse plus prendre au jeu des médicaments légaux dont il connaît la composition comme s’il s’agissait d’une poésie. À l’opposé de Noah qui contrebalance et se berce des paroles des gourous de la secte. C’est comme ça, que ça commence, sa passion pour les forces du mal. Il est né dans l’ombre, il vient de l’ombre et parfois il y revient. Il la décortique, et sont esprit devient aussi aiguisé qu’un scalpel. Il se prête volontiers au jeu de la manipulation, offre ce qu’on attends de lui, préserve le plus jeune des deux. Et puis, à l’aube de son adolescence la porte claque derrière lui. Maman sautera, cherchant à l'emporter avec elle par amour pour le nouveau ciel.




Une dernière fois, les pupilles adultes scannent les rétines inertes de l’adolescent sauvé des griffes d’une secte aux idéologies macabres. Une dernière fois, le souffle de Wilson est contenu à l’intérieur de sa poitrine, feintant l’ignorance et l’amnésie, sa sournoiserie parvient à se glisser à travers les mailles du filet. C’est un témoin crucial qu’on place dans cet orphelinat aux couleurs moroses et à l’humidité qui lui donne régulièrement des migraines. Et si le refuge du bientôt adulte se trouve être la vieille bibliothèque il ne lui faudra que quelques jours à peine pour dévorer l’entièreté des ouvrages. Quelques jours à peine pour que ses pairs s’acharnent contre ses joues après que le Buckley ai une énième fois eu le mot de trop. Son regard morne et éteint attise la haine de l’autre, celle qu’il apprécie étiré pour s’en jouer, la décortiquer, en extraire la source pour mieux la presser encore et encore. C’est à l’aube de ses vingt et ans que la libération porte la mélodie d’un sac qu’on jette devant ses pieds et que le portail en fer forgé ne grince derrière son dos. C’est une ville éveillée en dépit de l’heure tardive qui avale la carcasse de l’aîné des Buckley, se surprenant à reprendre le même chemin de cette prison qui fut la sienne. Et celle d’un Noah, qui il le devine aisément, n’eut de cesse de l’attendre. C’est pourtant un rien qu’il trouvera en poussant les portes de l’église, rien si ce n’est le silence mourant d’un changement et d’une anomalie lorsque l’évangile le pointera du doigt. Le poussant à la disgrâce et nourrissant les entrailles du Buckley d’une révulsion envers l’humanité. Ce sont les pages d’un dossier contenant les exploits de son cadet qu’il conservera sur sa table de chevet, lors de ses nuits les plus agités, un cendrier débordant de nicotine mourante quand sous ses ébènes attristés se matérialisera ses succès à lui, ceux qui ne lui apporteront jamais la sérénité.