THAT THE NIGHT COME
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2 participants
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Josephine Nash
Josephine Nash
gif : comfortably numb.
pseudo + pronoms : Caligari (elle)
faceclaim + crédits : Sophie Thatcher (avatar : nukaven - signature : awona)

Messages : 53
MULTINICKS : /

ZONE LIBRE :

the way I learned
to stop worrying
and love the flood.


. moodboard .
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playlistliens


age : 23 ans
WORK : Réceptionniste apathique du Storage Star, garde-meuble planté à la jonction de la ville et du désert.
LOVE STATUS : Fiancée. Un solitaire trop grand, porté au majeur quand elle pourrait simplement le mettre à taille. Moins d’amour que de confort pathétique dans cette relation.
PRONOUNS : Elle

STYLE RP : 300/1500 mots, 3e personne, dialogues en français
WARNINGS : Violence parentale, homicide involontaire, pensées homicidaires, noyade, deuil
Josephine Nash
comfortably numb.
 
 


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Libre


40:4 am (clock not found)

Splotch. Splotch. Ses semelles grincent à chaque pas pressé vers l’arrêt de bus, seul point éclairé dans la nuit noire. Splotch, splotch. Point d’ancrage à la réalité vers lequel elle se précipite sans se retourner. Splotch. Les chaussettes mouillées dans ses grolles usées, Josephine réprime un frisson. Ses extrémités gelées lui font un mal de chien. Ses lèvres craquelées la brûlent dans le froid qui s’est installé. L’air sec et tranchant de Nowhere lui lacère les joues et rougit davantage ses narines, tandis qu’elle se hâte. Splotch splotch splotch splotch. Elle se cramponne au filtre moite de sa clope comme à une bouée de sauvetage, refusant d’ouvrir le bec en dépit des goulées d’air qu’il lui faudrait ingurgiter pour se faire à sa cadence, craignant se noyer si elle la laisse tomber sur le plancher des vaches. Son souffle est rauque et erratique, et la cigarette pique du nez. Ne veut pas s’allumer. Le briquet a pris l’eau. Tout a pris l’eau. Splotch. Splotch. Le cuir râpé sur ses épaules dégouline à grosses gouttes. Le monde est détrempé autour d’elle. La ville entière pue l’humidité. Et pourtant il n’a pas plu. Pas encore. Pas depuis longtemps. Josephine ne se rappelle pas de la dernière pluie. Aussi accélère-t-elle encore, courant presque à ce stade. Splotch splotch splotch splotch sploc splotch sploc. Ses mèches poisseuses lui collent au front, sa frange lui tombe dans les yeux pour l’aveugler. L’abri n’est plus qu’à quelques mètres et plus que jamais, la nécessité de poser le pied dans la lumière se fait ressentir. Splotch splotch splotch. Sploc. Splotch. Elle étouffe un couinement sur le cul de son clou de cercueil. Le bus apparaît au loin, ses feux perçant les ténèbres comme deux yeux accusateurs. Les chiffres indiquant le numéro de ligne sont troubles. Couverts de buée. Josephine s’en fout. S p l o c.

Elle ne salue pas le chauffeur. Ne prend pas la peine de badger ou d’acheter un ticket. Lui aussi se fout de tout, à cette heure-là. Elle se précipite vers l’avant, s’accroche aux barres des sièges inutilisés pour progresser plus facilement. Fébrile, les larmes au ras des cils, elle se laisse tomber sur une banquette double occupée de moitié. Ses bras se croisent sur le dossier de l’assise devant elle. Son menton se fracasse contre le cuir sec de ses manches alors qu’elle fixe, sans accorder la moindre attention à l'unique voyageur à ses côtés, les portes avant qui ne se referment pas. Comme si l’homme au volant attendait qu’un autre passager entre. Mais personne ne vient. Rien ne vient. Et Josephine lisse ses cheveux tout aussi secs que le reste de sa tenue en renâclant. Son jean a repris la couleur claire qu’il arborait avant. Ses paumes ne sont pas fripées par l’eau. Pourtant. Pourtant. Sa clope est encore trempée au coin de ses lèvres. Elle peut sentir ses chaussettes crisser d’humidité lorsqu'elle agite les orteils.
Yael Callaghan
Yael Callaghan
gif : ⠁⠝⠞⠊⠛⠕⠝⠊⠎⠓⠲ | Yael 3t3e
pseudo + pronoms : Ccil + her
faceclaim + crédits : Jennifer Connelly

Messages : 135
MULTINICKS : /

ZONE LIBRE :

age : 26 oct. 1977 - 46 ans
WORK : ancienne astrophysicienne et ingénieure spatiale un peu paumée, aujourd'hui mécanicienne à la casse de Nowhere
LOVE STATUS : célibataire ; sa vie sentimentale est un désert entrecoupé de nuits sans lendemain et de relations plus fugaces encore qu'une comète traversant le cosmos
HOME : chambre n°18 au GloryInn, pas sûre de s'attarder dans le coin, prête à mettre les voiles à tout moment
PRONOUNS : her

STYLE RP : 3e personne, 500-800 mots en moyenne, eng. ou cast. friendly
WARNINGS : emprise et abus psychologique, dépression / anxiété
Yael Callaghan
with the moon i run
 
 
27 novembre 2023
Soundtrack


Il est tard mais Yael serait incapable de dire à quel point. Eddie l’avait prévenu : les nuits sont longues à Nowhere. Si longues qu’elle aussi finirait par arrêter de vérifier l’heure plutôt que d’être tentée d’envoyer une énième pichenette à son réveil en pensant que l’écran était encore buggé. Ça l’avait fait sourire, à l’époque. Plus maintenant. C’est peut-être la faute du désert… De sa torpeur et de son silence, si les heures semblent s’étirer comme elles le font. Ici. Loin des lumières de la ville et de son pouls toujours rapide, toujours nerveux. Yael ne s'était jamais sentie seule, là-bas, les nuits où elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle n’avait qu’à regarder par la fenêtre et apercevoir les centaines d’autres lucarnes éclairées perçant l’obscurité pour avoir l’impression de partager quelque chose avec ces autres que la nuit tenait éveillés et qui, comme elle, contemplaient peut-être les lueurs de la ville ; le poète guettant l’heure bleue, le conducteur de métro sirotant son café avant d’aller s’enterrer sous terre, le fêtard fumant sa cigarette accoudé à la rambarde d’un rooftop, les amants enlacés.

Look my baby what we've done
Look how wonderful it's all
Having you I have it all
Our souls merged into one

Mais ici, à Nowhere…

Hold me tight and kiss me long
Touching everything I've got
Make love to me 'till dawn
Come on baby let´s burn it all

Tout ce que Yael aperçoit en écartant les stores de la chambre qu’elle occupe depuis quelques mois au Glory Inn est un parking vide mal éclairé et, derrière, au-delà du dernier îlot de lumière tremblotant émis par un lampadaire à bout de souffle, la gueule béante du désert. Noire. Glaciale. Parfois étrangement menaçante, à l’image d’un gigantesque trou noir sur le point d’engloutir n’importe quoi. N’importe qui. Ces nuits-là, Yael est incapable de tenir en place. A besoin de partir à la recherche de ces autres présences habitant la nuit pour tenter de réchauffer sa solitude contre la leur et de raisonner l’agitation fébrile de ses pensées. Si Eddie a écopé du bon shift, elle va parfois boire un café avec lui, mais se contente plus souvent de marcher sans but à travers les rues de Nowhere. Tel un papillon de nuit se mouvant d’un réverbère à un autre. C’est comme ça qu’elle a atterri là aujourd’hui : le cul vissé à l’une des banquettes élimées de l’unique bus de nuit du patelin. Ses pas l’avaient mené trop loin du motel et, fatiguées, ses jambes avaient refusé l’idée de la porter sur le chemin du retour.

Heaven bells ring above our heads
Most beautiful sound I've ever heard
Our hearts dance with this song
I think it's called love

La tempe pressée contre son bout de fenêtre, Yael attend patiemment que le bus s’ébranle. Elle a branché ses écouteurs à un vieux MP3 dégoté dans la boutique de Garland, et la musique à la fois lente et sensuelle qui résonne entre ses deux oreilles emplit sa tête de coton. Lui rappelle une autre nuit de novembre. Il y a des années de ça. Alors qu’un déluge de tous les diables lessivait Boston depuis des jours. Dehors, une fine pluie commence alors à tomber et ne tarde pas à tracer des rigoles hypnotiques sous ses yeux, contre le carreau de la fenêtre, mais Yael doute que cela soit véritablement le cas. Ses paupières sont lourdes, et elle ne peut s’empêcher de penser à cette nuit. Aux dessins que la pluie peignait aussi, au-dessus de sa tête, contre le velux surplombant le lit de Sean, tandis qu’elle se cambrait de plaisir sous l’assaut répété de ses hanches allant et venant entre ses cuisses. À son corps en feu et ses mains à lui, empoignant ses cheveux, remontant sa jambe dans son dos.

Let me show you baby what I need
Need to feel the touch of your skin
I need you to touch me right here
I need to feel you inside of me

Yael secoue la tête. Elle a un peu chaud, tout d’un coup, et papillonne frénétiquement des yeux pour tenter de se raccrocher à la réalité présente. Son regard accroche alors la silhouette d’une blonde oxygénée apparaissant à l’angle de la rue, et elle tâche de focaliser son attention sur son pas pressé plutôt que sur les soupirs qu’avait su lui arracher Sean par le passé. Les caresses de ses longs doigts fins. De ses lèvres dans son cou. Yael se racle la gorge. Se redresse sur son siège tandis que l’inconnue monte à bord puis s’avance dans l’allée en s’accrochant à tout ce qui lui tombe sous la main. Elle n’a pas l’air dans son assiette, vue de près, mais Yael ne pousse pas plus loin son analyse. Les dents de Sean se plantent dans son épaule, au même instant où l’inconnue se laisse choir à ses côtés, provoquant un petit tremblement de terre sous ses fesses, et le pic d’adrénaline que ces deux sensations simultanées envoient à travers son corps parvient enfin à la tirer du brouillard tandis qu’elle arrache brusquement ses écouteurs de ses oreilles.

Sa respiration siffle entre ses dents. Elle a les joues en feu et le cœur qui bat la chamade contre ses côtes, mais sa voisine ne lui accorde pas la moindre attention. Ne semble même pas se rendre compte qu’elle est précisément venue se tanquer sur la seule banquette déjà occupée de tout le bus. Elle a le teint pâle, presque livide, et la lueur affolée qui s’agitait dans le regard de Yael il y a à peine deux secondes de ça se calme presque aussitôt en apercevant les larmes qui menacent de déborder des yeux de la gamine. Parce que c’est une gamine. Attrapée elle aussi dans quelque rêve éveillé voilant sa vue. Yael se mord alors la lèvre avant de jeter un œil à la ronde, comme si elle espérait croiser le regard d’une tierce personne avec qui échanger sa place. Elle n’est pas douée avec les larmes. Ne l’a jamais été. Mais elle et la gamine sont seules, et elle inspire profondément. Résignée.

- Hey… Son épaule heurte doucement la sienne. Elle n’a pas réfléchi à ce qu’elle allait dire au-delà de ça, en vérité. Se refuse à prononcer quelque chose d’aussi idiot qu’un "Ça va ?" hors de propos, tout en ayant conscience qu’elle doit vite trouver une alternative. Rien ne lui vient pourtant, et elle reste là, la bouche entrouverte comme un poisson hors de l’eau, jusqu’à ce qu’elle finisse par laisser échapper une phrase sans queue ni tête: - T’en fais pas. Il ne va pas pleuvoir cette nuit.
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