Fare Thee Well ;; Griffin

Ca y est, quatre jours à peine et il en a déjà ras-le-cul.

Va falloir qu'il aille causer d'avec le fameux Griffin avec qui tout le monde semble confondre. C'est que vraiment, il en a assez, qu'à force il se demande s'il avait déjà usé d'un tel prénom parce que ça lui dit vaguement quelque chose mais qu'il ne parvient pas à mettre le doigt dessus.


Mais il peut profiter de cette ressemblance pour retrouver aisément le fameux Griffin, même s'il arrache quelques regards circonspects - pas grave, Griff s'en remettra - à poser des questions dont les réponses semblent évidentes pour les gens. Mais le pire c'est qu'il doit le faire plusieurs fois, parce que le gars se trouve pas chez lui, qu'au bout de dix minutes à attendre en frappant contre la porte régulièrement, l'a bien fallu se résoudre à trouver le fameux... Le quoi, déjà ? Un club, un bar ? Under-truc. Underwater ? Under. Et c'est après une nouvelle question qu'il a la réponse ; underworld ; quel nom à la con.

Petit à petit, tout ce qui touche au Griffin est détesté par Mats.

Alors autant dire que quand il frappe à la porte discrète du lieu, il ne peut que se dire que ça pue quand même ; un fameux plan à la con où, s'il se prend encore une balle, il devra pas jouer au surpris pour cette fois. Et quand on vient à lui ouvrir, y'a encore ce putain de regard surpris, comme s'il ne devrait pas se trouver là ; même que ça se retourne vers l'intérieur, que ça ouvre la bouche et que Mats interrompt. "Ouais, j'sais." Et il pousse la personne qui comprend pas d'où vient le tour de passe passe. "Mais t'étais pas dans ton bureau ?" Et Mats sourit de cette manière moqueuse, parce qu'agacé au possible à force ; irrité, même. "J'y retourne." Mais la manière dont il y va, un peu au hasard, pourrait faire croire que Griffin s'est encore enfilé trop tôt une bouteille ; mais Mats trouve finalement le cagibi qui sert de bureau et pour pas laisser le temps à l'employé·e de comprendre la douille, Mats s'engouffre dans le bureau en ouvrant à peine la porte pour la refermer aussi sec.

Bien, il va pouvoir lui dire ce qu'il en pense de toute cette connerie, de ce trou à r-...

Il s'est retourné, vivement, pour faire face au propriétaire (supposé mais de ce qu'il a compris c'est ça) des lieux ; a fait face à une réalité à laquelle il ne s'attendait pas, plus. C'est que son esprit avait enfoui depuis si longtemps le souvenir, parce que la dernière fois ils étaient encore des bambins même pas en âge de communiquer.


Y'a un réflexe ; un mouvement de recul, une volonté de fuir ; mais il a bien fermé la porte et sent juste la poignée dans son dos ; et surtout, il perçoit le regard dans le sien, l'impression de... De se dévisager tout seul ; et il hait cette sensation, hait cette pièce, hait cet endroit, hait les souvenirs enfouis ou non, hait Griffin...


C'était ça, le W majuscule aperçu à un moment. C'était donc ça ; comme lui sur ses vieux papiers, sur ceux où c'était encore dit Rick Wagner et d'avec lesquels Catalina s'est moquée parfois. Et il a été con, Mats, si planté dans son déni qu'il n'a même pas su se dire que si on venait à tant le confondre d'avec, c'est que venir lui dire de se foutre les cheveux en rouge pour qu'il ait la paix n'allait pas y changer grand-chose.

Le hamster.

C'est comme se reprendre une balle, alors qu'une seconde à peine s'est déroulée depuis qu'il a reculé au mieux ; ressentir une douleur qu'il avait cru si bien enfouir qu'elle ne reviendrait plus jamais ; mais le souvenir de sa mère revient et d'avec, ce prénom qu'elle glissait parfois. "Qu'es-..." Mais sa gorge s'est asséchée en une seconde à peine ; et tout son corps est assoiffé en vérité, parce qu'à autant écarquiller les yeux, il se retrouve d'avec ceux-là secs ; et s'il n'était pas si bête, il viendrait à se retirer de la poignée pour l'agripper, pour se casser de là, pour fuir à nouveau la réalité ; pour oublier derechef que c'était pas le nom du hamster en vérité.

Mais il peut que le fixer ; ce reflet provenant d'un miroir brisé.